Les prud'homies de pêcheurs

Les prud’homies de pêche en Corse sont des institutions communautaires médiévales, reconnues officiellement au fil des siècles, particulièrement actives depuis 1801. Elles jouent un rôle central dans la gestion, la régulation et la justice de la pêche locale, tout en préservant un patrimoine culturel vivant. Leur fonctionnement démocratique (élection des prud’hommes), leur rôle social, et leur pouvoir judiciaire en font une singularité juridique et humaine de la Méditerranée.
 

• Les prud’homies de pêcheurs sont des institutions communautaires très anciennes, nées dès le Moyen Âge sur les côtes méditerranéennes – notamment en Provence, Toulon ou Marseille
• En 1481, Louis XI intègre cette institution dans le droit français, marquant une reconnaissance officielle.
• Malgré la crise des corporations à la Révolution, elles survivent et sont officiellement rétablies par un décret impérial en 1859, qui encadre leur fonctionnement et leur rôle réglementaire dans la pêche maritime.

• 1801 : Création, à Bastia, de la première prud’homie corse des pêcheurs. Sa compétence s’étend sur l’espace maritime compris entre Miomo (tour génoise) et la limite sud de Ghisonaccia (étang de Palo). 
• 1821 : Le roi Louis XVIII confirme le pouvoir de cette prud’homie, tout en précisant ses prérogatives et son mode de gestion.
• 1869 : La prud’homie d’Ajaccio voit à son tour le jour. En même temps, le fonctionnement et les règlements de ces structures connaissent des évolutions qui renforcent leur pouvoir.
• 1952 : La prud’homie de Bastia fait l’objet d’une extension sur la côte occidentale, de Centuri jusqu’à la limite d’Ajaccio.
• 1971 : La section sud de la prud’homie d’Ajaccio et la section ouest de la prud’homie de Bastia deviennent des prud’homies à part entière ayant leur siège à Bonifacio et Calvi.
• 1993 : L’état redéfinit les nouvelles limites territoriales de toutes les prud’homies de Méditerranée (celles de Bastia sont étendues jusqu’à la rivière Solenzara).

• Les prud’homies combinent trois fonctions principales : communautaire (gestion locale), réglementaire (règles de pêche), et juridictionnelle (règlement des litiges entre pêcheurs)
• Les prud’hommes — élus parmi les patrons pêcheurs — arbitrent les conflits civils, gèrent les usages de la mer, organisent les tours de pêche, et veillent à la discipline sur le littoral
• L’administration maritime tutelle (Affaires maritimes) veille à la légalité de leurs actes : approbation des membres, des comptes et règlements, possibilité de recours, et autorité en cas de dissolution
• Cette institution demeure particulière en droit européen, car soumise à l'administration, elle n’est pas considérée comme une juridiction indépendante

• En 2006, la prud’homie de Bastia/Cap-Corse a entrepris de restaurer un local à teinture, utilisé autrefois pour préserver et colorer les filets de pêche. Ce lieu est devenu un petit musée, accueillant du matériel traditionnel et servant de lieu pédagogique pour les visites scolaires.
• La teinture des filets s’accompagnait d’un rituel communautaire : teinte à base d’écorce de châtaignier, rassemblement à l’aube, participation à la messe, travail collectif... autant d’éléments rituels et sociaux ancrés dans la tradition locale.